Messe du 4 décembre 2011
En nous redisant sans cesse « Le Seigneur vient », la liturgie de l’Avent nous rappelle opportunément que l’espérance chrétienne ne s’accomplit pas sur cette terre, en d’autres termes le paradis n’est pas sur terre ! Nous attendons la terre nouvelle et les cieux nouveaux que, depuis la résurrection du Christ, Dieu nous prépare, ainsi que nous l’a enseigné il y a cinquante ans Vatican II :
« Dieu nous prépare une nouvelle demeure et une nouvelle terre où régnera la justice et dont la béatitude comblera et dépassera tous les désirs de paix qui montent du cœur de l’homme » (Gaudium et Spes, n°39)
Et le Concile poursuit- :
« L’attente de la nouvelle terre, loin d’affaiblir en nous le souci de cultiver cette terre, doit le réveiller : le corps de la nouvelle famille humaine y grandit, qui offre déjà quelque ébauche du siècle à venir. C’est pourquoi, s’il faut soigneusement distinguer le progrès terrestre de la croissance du Règne du Christ, ce progrès a cependant beaucoup d’importance pour le Royaume de Dieu, dans la mesure où il peut contribuer à une meilleure organisation de la société humaine » (ibidem).
C’est souligner implicitement l’importance de l’engagement politique qui, s’il est bien conduit, peut être une magnifique contribution à une meilleure organisation de la société humaine.
Dans sa doctrine sociale, l’Eglise catholique redit souvent son estime pour ceux qui exercent un mandat politique, elle ne partage pas la vision pessimiste et soupçonneuse de certains qui voient d’abord les aspects négatifs de cet engagement. Elle invite les hommes et les femmes politiques à être des serviteurs loyaux et désintéressés du bien commun de la cité terrestre, convaincus que toutes les « valeurs de dignité, de communion fraternelle et de liberté, tous ces fruits excellents de notre nature et de notre industrie, que nous aurons propagés sur terre, selon le commandement du Seigneur et de son Esprit, nous les retrouverons plus tard, mais purifiés de toute souillure, illuminés, transfigurés » (ibidem).
Le souvenir de Raymond Mondon, qui vous rassemble ce matin en cette cathédrale plus de quarante ans après sa mort, est un signe de reconnaissance non équivoque de la qualité de son engagement.
Qu’en ce temps de crise économique, mais aussi morale et spirituelle, Dieu nous donne des serviteurs compétents, droits et désintéressés de la cité terrestre !
fr. Pierre RAFFIN, o.p.
Evêque de Metz