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Raymond Mondon
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Edito
Anne STEMART,
Présidente de l'Institut


Voir grand pour demain

Ma rencontre avec l’historien et passeur de mémoire, Gaëtan Avanzato nous a permis d’évoquer ensemble le parcours de Raymond Mondon, homme de conviction, de courage et d’action, un maire visionnaire dans le développement et la modernisation de Metz de 1947 à 1970, conseiller général et député de Moselle, ministre de Pierre Mendès France et de Georges Pompidou, un homme politique animé par des valeurs de patriotisme et d’ambition pour la Lorraine et la France.

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Raymond Mondon, le Donjon de Metz

Les réalisations de Raymond Mondon pour Metz

8 janvier 2014 - Author: admin

Il est certain que si Raymond Mondon n’avait pas engagé des opérations de rénovation, d’adduction d’eau dont nombreux ignorent l’importance, de réseaux d’assainissement, de réseaux autoroutiers, éclairage public, zones industrielles et tout cela dès 1960, la Ville de Metz ne serait pas ce qu’elle est.

Robert Schuman était un homme de paix. Raymond Mondon un élu parmi les messins, un bâtisseur de réalisations structurantes pour Metz.

« Au lendemain de la Libération, tout restait à faire. Avec la Municipalité et les services qu’il restructura, il construit et reconstruit pour loger une population en constant accroissement. La ville est un immense chantier. C’est à lui notamment qu’on doit la réalisation du Haut-de-Blémont, véritable Metz II, des lotissements du Fort Moselle, du Rimport, de St-Ferroy ; On lui doit les zones industrielles de Woippy et de Borny où va s’installer l’usine Citroën, toujours aujourd’hui le 1er employeur messin. On lui doit la nouvelle caserne des Sapeurs-Pompiers.

Dans le domaine économique, il fait aménager le port de Metz où une darse porte son nom, et la canalisation de la Moselle. Il lance les autoroutes Metz-Nancy, Metz-Thionville et Metz-Sarrebrück, il pousse à la réalisation de l’aérodrome de Frescaty ; il inaugure le Métrolor entre Thionville et Nancy et la gare routière de la place Coislin. Il propose plan d’assainissement de la ville, crée l’usine d’incinération des ordures ménagères, implante le chauffage urbain et fait rechercher de nouveaux captages d’eau potable, prévoyant les difficultés à venir.

Dans les domaines culturel et sportif, on lui doit le lycée Robert-Schuman, des centaines de classes maternelles et primaires, l’Université de Metz, l’agrandissement du Conservatoire Régional et des Musées, la création du Palais des Sports, l’expansion du stade de Longeville-les-Metz et le projet de la piscine Lothaire.

Dans le domaine hospitalier, c’est l’agrandissement de Bon-Secours et les projets d’un CHR et d’un CHU (Centre Hospitalier Universitaire), liés ceux-ci à la création de la Faculté de Médecine de Nancy.

On lui doit encore le projet de rénovation urbaine de l’îlot St-Jacques qui a fait couler des flots d’encre depuis une dizaine d’années. Il n’est pas jusqu’à la Foire Internationale qu’il voulait faire transférer d’abord à l’île Saint-Symphorien puis dans la zone de Grigy.

Chacun pensera ce qu’il veut de l’homme politique, mais de l’édile, une fois les passions apaisées, il faudra reconnaître l’audace des idées et sa farouche volonté de les faire triompher. L’histoire gardera le nom de Raymond Mondon. »

H. Tribout de Morembert

Eloge funèbre messe d’enterrement Raymond Mondon

- Author: admin

Jacques CHABAN-DELMAS
Eloge funèbre messe d’enterrement Raymond Mondon
4 janvier 1971, Cathédrale de Metz
« Raymond Mondon n’est plus. Le gouvernement et le Pays tout entier sont de nouveau en deuil et la Lorraine pleure un fils exemplaire. Ce politique, cet administrateur, formé au jeu sans merci des responsabilités, était avant tout un homme de coeur et un patriote dont la bonté et l’énergie forçaient l’estime et gagnaient la confiance.
Une profonde tristesse accable ceux qui l’ont connu et il leur a fallu entendre, dans cette Cathédrale, la parole de l’espérance pour relever leur regard abattu.
A la veille de la Première Guerre Mondiale, il voit le jour dans ce bourg d’Ancy-sur-Moselle où il a souhaité être enterré. Il y reposera auprès de ses parents, auprès de son père Henri Mondon, qui lui enseigna le civisme, fut pour lui le modèle du Maire dévoué à ses concitoyens et auquel il portait une admiration que la mort n’avait pas entamée.
Après le Collège Saint Clément de Metz, c’est la Faculté de Droit de Nancy et il envisage d’entrer dans la Magistrature.
La seconde Guerre Mondiale bouleverse ses projets. Officier de Réserve, sa conduite lui vaut d’être cité à l’Ordre du Corps d’Armée. Blessé le 17 juin 1940, il est fait prisonnier mais doit à son origine lorraine d’être libéré dès le mois de décembre suivant.
Apparemment, la vie recommence et après avoir passé le concours de la Magistrature, il est nommé Juge d’instruction à Saint-Mihiel.
En réalité, la lutte contre l’occupant devient sa préoccupation majeure et il prend une part capitale à l’organisation de la Résistance dans cette région meusienne. Allant, comme toujours, au terme de son devoir, il prend de plus en plus de risques et il est arrêté en juin 1944. Son tempérament n’en fait l’homme ni du découragement, ni de la résignation : le jour même de son arrestation, il s’évade et gagne la région parisienne.
De nouveau arrêté par la Gestapo, il est envoyé en déportation. Le 25 août, il réussit une nouvelle fois à s’évader en sautant du train qui, de Compiègne, l’emmenait avec tant d’autres vers les camps de la mort. Infatigable, il reprend aussitôt le combat et, en novembre 1944, il a la joie de rentrer à Metz, en libérateur, dans un enthousiasme dont le seul rappel fait encore aujourd’hui battre le coeur de ceux qui l’ont partagé.
Il avait bien mérité d’être nommé Chevalier de la Légion d’Honneur à titre militaire et de se voir attribuer la Croix de Guerre et la Médaille de la Résistance. Cette seule période de sa vie aurait pu suffire à nous rapprocher et à fonder l’amitié qui nous liait ; Les vingt cinq années suivantes devaient nous procurer bien d’autres occasions de nous sentir en étroite communion de pensée et d’action.
En effet, après une courte période où il exerce successivement les fonctions de Procureur de la République à Bar-le-Duc, de Commissaire Adjoint du Gouvernement à la Cour de Justice de Nancy, et de Directeur de Cabinet du Commissaire de la République à Metz, l’homme politique perce sous le Magistrat et s’engage pour assumer sa vocation, comme toujours, sans faillir.
Elu à 32 ans Député de la Moselle et constamment réélu depuis, il saura toujours concilier son sens profond de l’intérêt national et son souci de demeurer un ardent défenseur de sa région d’origine. L’année suivante, en 1947, il devient le plus jeune Maire que Metz se soit jamais donné. Il n’a cessé depuis lors et jusqu’à l’extrême limite de ses forces de travailler au développement de cette noble cité, qu’il aimait au point de s’y être consacré corps et âme. Ce n’est pas le fait du hasard si ses concitoyens ne lui ont jamais mesuré leurs suffrages et s’apprêtaient dans deux mois à lui renouveler leur confiance. Très vite, ils avaient su apprécier l’homme de caractère, sa volonté tenace de moderniser pour l’avenir sans manquer au respect d’existence de tous les défavorisés.
Dès lors, sa vie politique était naturellement tracée. A l’Assemblée Nationale, l’autorité personnelle et l’estime unanime dont il jouissait de la part de tous ses collègues, allaient le porter à jouer un rôle de premier plan dans l’Etat. Après avoir participé à ses côtés au Gouvernement Mendès-France en 1954, comme Secrétaire d’Etat à l’Intérieur, il devient, en 1962, Président du Groupe Parlementaire des Républicains Indépendants avant d’accepter le Ministère des Transports que lui confie le Président de la République, le 22 juin 1969.
S’il nous quitte hélas trop tôt et sans avoir achevé la tâche à laquelle il s’était consacré à ce poste, il a accompli néanmoins une oeuvre considérable.
Maintes fois réclamée, la réforme de la SNCF, préparée par son ami Jean Chamant, a été réalisée par Raymond Mondon. Le destin a malheureusement voulu qu’il n’ait pas la joie de parapher la nouvelle convention. Nul doute que son nom ne reste néanmoins attaché à ce document capital pour l’avenir des transports ferroviaires dans notre pays.
Pour améliorer la position de la France, dans les transports maritimes, Raymond Mondon a fait établir et adopter un plan de relance de la Marine de Commerce qui va permettre, en cinq ans, de doubler notre flotte pétrolière et d’augmenter de 50 % le reste de notre flotte marchande.
Simultanément il s’était attaqué aux difficultés que rencontraient nos pêcheurs. Après avoir visité nos principaux ports et pris contact sur place avec les professionnels , il faisait adopter par le Gouvernement une série de mesures qui ont déjà permis de relancer cette activité capitale des populations comme des régions côtières.
Il mit la même obstination à accroître le potentiel de l’industrie aéronautique française. Son ardeur et sa force de conviction étaient telles, malgré son état de santé, qu’elles s’imposèrent à ses collègues européens.
Ces exemples, significatifs au plus haut point, ne rendent qu’imparfaitement compte d’une activité tout entière consacrée au service public et tendant à obtenir des résultats concrets. Sa volonté d’exploiter systématiquement ces résultats en vue d’améliorer les conditions d’existence de chacun, avait conduit Raymond Mondon à accorder aux transports en commun une priorité particulière parmi ses préoccupations courantes. En Mai dernier, le colloque de Tours, portant sur ce sujet, avait été organisé à son initiative. Ce fut là, du reste, la dernière apparition publique de cet homme dynamique, qui avait traversé vingt-cinq années de sa vie publique sans y perdre de son ardeur. Déjà atteint du mal qui devait l’emporter, il avait tenu à présider personnellement la séance de clôture et à prononcer un discours dont les orientations seront longtemps suivies.
Homme de concertation, parlementaire toujours disponible, Maire accessible à ses administrés, et surtout aux plus modestes, Raymond Mondon, devenu Ministre, dialogua constamment avec les organisations professionnelles et syndicales. Averti des difficultés et des aspirations de chacun, sensible à l’aspect humain des problèmes, soucieux d’équité plus encore que de droit, il accorda une importance particulière aux questions sociales. Généreux et libéral, il ne décidait qu’en s’inspirant de ce qu’avait écrit cet autre grand Lorrain que fut Maurice Barrès : « Ce n’est pas la raison qui nous fournit une direction morale, c’est la sensibilité ».
Profondément attaché à sa foi, à sa patrie et à sa Lorraine, il appartenait à cette génération d’hommes qui vécut la faillite d’un système trop marqué d’égoïsme et de légèreté. Révolté par la défaite, ayant ressenti jusqu’au plus profond de lui-même l’annexion de sa terre natale par l’envahisseur, il n’hésita pas un instant à répondre à l’appel du 18 Juin. Par la suite, sa fidélité au Général de Gaulle ne devait jamais se démentir ; et comme je me souviens de la tristesse qui l’étreignait lors de la cérémonie de Notre-Dame à laquelle il n’avait trouvé la force d’assister qu’en allant jusqu’à l’extrême limite de son énergie.
Son sens aigu des réalités et son goût des réalisations concrètes en firent un Maire hautement estimé de tous ses collègues, et pas seulement dans notre pays. Je sais, en en comprenant tout le sens, que c’est le mandat que lui avaient confié ses concitoyens de Metz qui lui était le plus cher.
Député, il montrait un égal souci de représenter les populations de la région dont il était l’élu et de ne pas négliger les intérêts généraux de la Nation. Ayant lutté contre les défauts du système parlementaire tel qu’il avait été pratiqué à une époque, il n’en estimait que davantage le rôle du Parlement, et, devenu Ministre, il témoigna une grande considération aux Assemblées. Lors des derniers débats budgétaires, ses anciens collègues admiratifs de son courage et de son énergie ne manquèrent pas de lui manifester unanimement leur estime et leur amitié.
Enfin, ce Lorrain, ce patriote était trop clairvoyant pour n’être pas un Européen lucide et déterminé. Co-fondateur du Conseil des Communes d’Europe, il y a plus de vingt ans, à Genève, où nous nous étions une fois de plus trouvés côte à côte, il consacra beaucoup de son temps à l’oeuvre toujours recommencé qu’est la construction de l’Europe.
C’est cet homme de coeur et de droiture, c’est le résistant, le parlementaire, le Conseiller Général, le Maire de Metz, le gaulliste dont tout, en un mot, me rapprochait que nous pleurons ensemble. Oui, j’avais un camarade de combat, un compagnon de route, j’avais un ami…
Aussi, Madame, est-ce de tout coeur que je vous apporte respectueusement le témoignage de sympathie de Monsieur Le Président de la République, celui du Gouvernement tout entier et le mien personnel. Tous ceux qui connaissaient votre mari ne pouvaient ressentir pour lui que de l’amitié ; Tous prennent part aujourd’hui à votre chagrin.
Pour demeurer vivant dans nos mémoires son souvenir, soyez en certaine, animera nos actions. »

Jacques CHABAN-DELMAS
Eloge funèbre messe d’enterrement Raymond Mondon
4 janvier 1971, Cathédrale de Metz

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L'ombre de Raymond Mondon plane toujours sur la ville qu'il administra de 1947 à 1970...
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